Je vous ai déjà parlé de Géraldine et de l’amitié que j’ai pour elle, et pour la plupart vous la connaissez au moins à travers son blog Café Mode. Malgré cela, j’avais tout un tas de questions à son sujet qui me trottinaient dans la tête depuis un moment ! Alors c’est parti… MAIS QUI ES TU GERALDINE DORMOY?!
‘J’ai 38 ans, et j’ai eu une vocation tardive. J’ai toujours été intéressée par la mode mais j’ai mis beaucoup de temps à me l’avouer et à penser que je pourrais en faire mon métier.’
Géraldine commence par faire une école de commerce, Sup de co Reims, sans savoir ce qu’elle va en faire. Elle voit plus ça comme une assurance anti-chômage.
‘Je savais que je n’étais pas une créative et je n’avais pas envie de me lancer dans une école de stylisme.’
Elle aime bien le marketing, mais sans passion.
‘J’ai fait mon école, je me suis bien ennuyée. J’étais attirée par la presse mais sans me l’avouer non plus ! Il a fallu que j’attende très longtemps pour m’avouer que j’étais faite pour ça’
Géraldine a enchaîné pendant 6 ans à l’Express en tant que chargée d’études marketing sur les titres Déco du groupe.
‘Si ça se trouve je vais faire toute ma carrière à l’Express! Qui sait! C’était sympa, bonne ambiance, mais ce n’était pas de la mode. Pas du journalisme non plus, mais à l’époque je ne caressais même pas l’idée. Pour moi, je ne savais pas écrire, j’aimais juste bien ça.’
En juillet 2005, elle lance un blog, car justement elle a envie d’écrire.
‘J’avais envie d’écrire avec quelqu’un en face, avec de l’interactivité, et c’était le moment où les premiers blog mode se lançaient. J’ai entendu parler des blogs dans la presse, notamment un article dans le Elle de Lauren Bastide qui m’avait donné envie de créer le mien. Et puis Mark, mon mari étant anglais et tourné vers les pays anglo-saxons, était plus au courant de ces outils là.’
En parallèle de l’express, Géraldine bosse dans un bureau de style WGSN, et prend des photos de look. Mark lui fait remarquer que ça pourrait intéresser les gens d’en voir certaines sur son blog. Ce qu’elle fait et ça marche! Cette même année, elle fait l’IFM et c’est une révélation.
‘Là je me suis retrouvée dans une classe entre passionnés de mode. J’ai adoré. Quand j’en suis sortie, je voulais être chef de produit, mais j’avais déjà 30 ans passés, trop vieille j’ai pensé! En revanche, les marques m’appelaient pour mon blog en me disant qu’on pourrait faire quelque chose ensemble.’
A ce moment, elle part de l’Express, et prend le temps de lancer vraiment son blog. Quelques mois après le directeur de la rédaction de l’Express Styles, Eric Mettout, l’appelle pour héberger ce même blog.
‘ Puis ils m’ont demandé si je ne voulais pas être journaliste mode chez eux. Le graal! Eric a vu en moi la journaliste, puis la redac’ chef puisque j’ai été nommée 2 ans après, en 2011, responsable éditoriale web de l’Express Styles. L’équipe a grandi, le site est en super extension. C’est génial d’être sur un site qui a les moyens de ses ambitions et où je me sens portée car tout le monde va dans le même sens.
J’ai toujours eu l’impression d’être au bon endroit au bon moment, donc pourvu que ça dure!’
Là, Géraldine a la révélation de la manageuse !
‘J’adore ça, c’est ce qui me procure le plus de plaisir, faire en sorte que tout le monde soit bien. Ce n’est pas le plus facile, mais j’adore ça. La partie écriture n’est plus ce qui motive le plus.
Aujourd’hui, j’ai trouvé un équilibre entre Styles qui me prend tout mon temps de travail et mon blog que je fais en dehors, mais quand je veux. Je ne mets plus la pression, ça suit mon rythme naturel. J’ai compris que ce n’était pas mon but de vivre de mon blog, de connaitre la célébrité. J’ai compris que le plus important pour moi c’était l’échange avec une communauté. Donc j’ai une communauté qui a la taille qui me convient. Il y a des filles qui me suivent depuis des années et j’adore échanger avec elle, lire leur commentaires, etc. Je n’ai jamais la réponse aux questions que je me pose, et elles me font avancer.
La polémique ne me dérange pas, même si je ne la cherche pas, mais tant que mes lecteurs me font avancer dans ma réflexion, j’aime ça. Et j’ai besoin qu’on apporte de l’eau à mon moulin.’
Café mode, quasiment 9 ans… et un rapport à la mode et à la création qui n’a cessé d’évoluer.
‘En décembre dernier, j’ai eu un point de rupture, je ne savais plus trop ou aller avec Café Mode, car je sentais obligée de parler mode alors que la mode m’intéresse de moins en moins. Et moi dans la mode, ce qui m’intéresse le plus ce n’est pas la création, même si ça parait malheureux à dire, mais ce sont les gens qui la font, les histoires de marques. Je peux être plus admirative d’une personne avec une marque pas forcément créative mais avec un concept qui marche bien et qui rencontre un public, plutôt qu’une personne complètement artiste qui est dans la pure création.
Il me semble que quand tu es jeune tu es dans la consommation, tu as besoin de trouver ton identité par rapport au vêtement. Ca a été une quête pendant longtemps et ça continue de l’être, mais aujourd’hui mon style est bien défini et j’ai moins besoin de consommer pour définir ce style. Je n’aime pas faire du shopping, je trouve des bons basiques, je me fais plaisir une fois de temps en temps et ça me suffit. J’aime regarder la mode, je n’ai pas besoin de la consommer pour la vivre. Et surtout ce sont des prix qui pour moi dépassent l’entendement. Si j’avais énormément de moyens peut-être que j’achèterais le sac Céline, mais en même temps ce sont de tels marqueurs sociaux que je ne sais pas si j’en aurais envie, j’aurais peur qu’on me parle différemment.
Aujourd’hui ce que j’aime en mode, ce sont les histoires des gens, les stratégies de marques, les vêtements qui marquent leur époque, les coûts marketing, les personnalités hors du commun, la communication. Je trouve qu’on n’est pas une époque très créative, ce n’est pas ça qui est intéressant à raconter. Je pense que la révolution se joue en terme de communication et grâce à Internet. Du coup, ce n’est pas grave que ce soit moins créatif, on ne va pas inventer la mini jupe toutes les décennies.
J’essaie d’être positive, mais c’est vrai que ça me fruste aussi en tant que spectatrice de voir que le mode est aux mains des financiers et qu’on demande tellement aux créateurs qu’ils sont asséchés, ils ont trop de collection à créer pour en faire une qui va marquer les esprits. Il y a en a une de temps à autre car ces créateurs à la tête des grandes maisons sont tellement forts, mais ça reste rare. C’est pour toutes ces raisons que sur le blog, maintenant je n’ai plus envie de parler que de mode, mais aussi de maman, d’un film, d’un livre, et qui n’a pas forcément à voir avec la mode. Les lectrices viennent chercher un point de vue et je me suis décomplexée par rapport à ça.’
Et maintenant, petit questionnaire pratique…
Ton souvenir mode le plus intense?
Mon premier vrai défile, c’était Alexander McQueen en 2006. C’était à l’autre bout de Paris, j’avais pris le RER, failli arriver en retard, et j’étais super stressée à l’idée de louper cet événement tant attendu. Bien sûr, le défilé commença largement en en retard. Comme d’habitude. Bienvenue dans la mode!
Une rencontre?
Mon meilleur souvenir d’Interview c’est avec Dorothée Gilbert, la danseuse étoile, il n’y a pas si longtemps. Je l’ai trouvée tellement simple et elle avait si bien répondu à mes questions de midinette sur le milieu de la danse, que j’ai fait une deuxième interview sur sa vie et son destin extraordinaire. Elle a une volonté effroyable, qui dépasse l’entendement. Il y a aussi ma rencontre avec Christophe Lemaire juste au moment de son arrivée chez Hermès. J’avais adoré sa vision dénuée d’ostentation, vraie. Super intéressant.
Tes autres centres d’intérêt?
De part mon métier aujourd’hui, comme je suis sur un site lifestyle, il y a du people, beauté, psycho, saveurs, etc. Du coup, depuis mon arrivée à style, j’ai été dans une démarche d’ouverture. Je me dois de me tenir au courant dans les autres secteurs que la mode. Et surtout je bosse avec des expertes sur chaque domaine et ça me passionne!
Et la mode pour enfant?
Gustave grandit tellement que je n’ai pas les moyens d’acheter des fringues hors de prix. Je fonce chez Gap, ça colle à son style, et je ne suis pas très curieuse d’aller voir ailleurs. Je pensais sans doute qu’il aurait des manteaux anglais, type Bonpoint, mais mon môme c’est un camionneur ! Tu ne peux pas lui mettre des choses délicates, il a un physique de lutteur! Quand je veux me faire plaisir, je vais chez Bellerose, j’aime bien l’univers de cette marque. Sinon, je manque de temps pour faire du shopping, alors je fais du shopping efficace!
Tes trucs pour décompresser?
Aller courir tous les week end, 3/4 d’heure. Ca me vide la tête et ç’est ce qui me permet d’avoir des idées. C’est assez méditatif finalement, tu regardes les changements de la nature, c’est quasi mystique ! Sinon je vais au ciné avec mon mec et on se fait un petit resto. Et pour l’instant ça nous suffit. On part de temps en temps en week end. Le prochain c’est Arles, on y va chaque année. On dort toujours au Nord Pinus, qui est un luxe inouï, mais on adore cet hôtel, c’est notre luxe.
Et les voyages ?
Les voyages c’est ma frustration. Je ne voyage pas beaucoup en ce moment, et je sais qu’il faudra que je les fasse plus tard. Je rêve d’aller en Californie depuis mes 15 ans. Je voudrais aller en Corée, en Afrique. J’avais été en Ouganda avec Tommy Hilfiger, et je m’étais sentie si bien, un truc indescriptible. Cet été, on va en Grèce, et on est déjà super contents.
Ton Paris?
Je suis plutôt Rive droite. Pour un déj entre copines, j’aime bien Zen rue de l’échelle, un japonais accessible et sympa. J’aime bien le marais, c’est quand même là que tu as tout. Merci, Acne, COS. Bref, les endroits où j’aime aller. J’aime aussi les librairies de mode comme celle des Arts Déco. J’adore la rue Saint honoré car tu y vois des gens comme nulle part ailleurs. C’est la rue de la surconsommation, mais c’est si parisien. Et comme je n’habite plus à Paris, mais à Clichy, je vois tout à Paris avec beaucoup d’intensité!
Je ne suis pas lassée de la mode, mais je suis moins focalisée dessus. Ce n’est plus une question de vie et de mort.