Un feu à ma porte
- By marion
Ce 26 juillet, Bormes les Mimosas faisait les gros titres estivaux non pas pour une arrivée hautement présidentielle, ni pour un dangereux requin croisé au large…
Et il se trouve que moi Bormes, c’est un peu mon deuxième chez moi. J’y passe tous les étés un bon et beau moment et ce depuis toujours. Et pourtant ça ne m’était encore jamais arrivé. J’en avais entendu parler si souvent. J’en avais même terriblement peur gamine. Mes grands parents, mes oncles, évacués dans les années 60’s. On avait cru que la maison y était passée mais non. C’était pas loin. Rebelote dans les années 90. Depuis 25 ans, rien, alors certains diraient, ça devait arriver. Cycle quasi … logique? Bref, comme toujours on soupçonne un mégot, alors de là à causer logique…
Cette nuit du 26 juillet, 2h45, ma soeur tambourine à ma porte: ‘Marion, on doit évacuer, il y a le feu!’. Et moi je dormais comme une bienheureuse, insensible aux incessantes sirènes et girophares qui essayaient de bouger les grands endormis dont j’étais.
10000 personnes environ se retrouvent sur les plages des alentours, sonnées et sidérées. La fumée est dingue, le vent faramineux, on imagine les soldats du feu, dépassés et impuissants, mais qui pourtant parviendront à protéger les habitations. Merci, chapeau bas. Il faut pouvoir imaginer des flammes pouvant attendre 20 mètres, poussées par des rafales à 70 km/h.
On passe la nuit sur la plage. Au début pas l’envie, le coeur, ni le réflex de prendre des photos, juste abasourdie par le panorama. Puis au levée du jour, quelques clichés à l’iphone. Figer ce moment surréaliste. Ca ferait la une de Libe entre autres. Drôle d’occasion de faire la une…
Dans la matinée, le feu n’est pas maitrisé mais calmé, les routes sont toujours barrées, mais on pense pouvoir rentrer. Contrairement à beaucoup on a la possibilité d’y aller par la plage. On dort un peu, mange beaucoup, on va voir les dégats. Déjà….
Quand même, il y a un sacré nuage de fumée pas si loin. On évoque l’idée de préparer à nouveau chacun un petit sac . Au cas où.
Mercredi 15h30. On a à peine le temps d’y penser que les sirènes chantent encore. Wowww, la fumée arrive d’un coup derrière chez nous. On descend la route vers la mer encore une fois. On a la chance d’être très près. Mais quand meme, la fumée semble si proche… Je prends une photo toujours avec mon tel. La maison semble brûler. Semble, simplement. Effet d’optique, enfin on espère.
Sur la plage perdu dans la fumée, le soleil prend une couleur rose orangé. Des certaines de personnes se pressent vers le port. Une vraie transhumance! Ce paysage, ces couleurs, cette ambiance, entre inquiétude et fascination.
Cette nuit là , on ira dormir chez des amis. Entre temps 1600 hectares auront brulés. Quasiment l’intégralité de la pinède derrière Brégançon. Les pompiers ces champions auront sauvés les hommes et les habitations. La végétation est si triste, mais repoussera. Toujours.
