All about Ira – part1

Histoire de la fille aux foulards… Scarf of my heart! PART 1…

Un de ses foulards noué au poignet, elle est arrivée avec Maya. Quand tu connais un peu – mais trop peu – Ira, tu ne pourrais jamais te douter que cette discrète et jolie brune a fait le tour du monde au sein du groupe CSS et qu’aujourd’hui en plus de sa marque de foulards, elle crée les imprimés de l’ensemble des collections Kenzo. Présentée par un de mes amis d’enfance Nicolas, j’ai mis du temps à découvrir comment lui le musicien et elle la fille de mode avaient croisés leurs chemins. Nicolas qui ne vous sera pas inconnu non plus… Allez je vous laisse lire, ça vaut le coup. Une belle histoire…

Ira aura 33 ans fin septembre. Au moment où elle arrête CSS, elle déménage à Paris. C’était il y a 6 ans. Le mieux avant de commencer, c’est de s’imprégner de sa voix…

Tu es né où au fait?

Je suis née à Poços de Caldas.  C’est une ville super jolie dans les montagnes entourée par une chaîne de montagnes. C’est à 3 heures de Sao Paulo, mais pour le Brésil c’est juste à coté! J’y suis restée jusque 17 ans et j’ai déménagé à Sao Paulo pour faire une école de mode. Je n’avais qu’une envie, partir! Comme tous les adolescents… C’était jeune, mais c’était bien! Ca m’a appris à avoir des responsabilités tôt.

Pourquoi la mode?

Je voulais être styliste depuis toujours. J’ai fait une école plutôt réputée au Brésil, des très bons stylistes en sont sortis comme Alexandre Herchcovitch, avec qui j’ai travaillé par la suite. Le truc marrant est que c’est une école de bonnes soeurs! Il avait une super ambiance, j’ai eu beaucoup d’amis là bas. J’ai commencé à travailler très vite, car les cours avait lieu juste le matin . Et ça pendant 4 ans.

Tu as aimé l’enseignement?

C’était intéressant, mais dans la mode tu apprends au quotidien en pratiquant. Si je pouvais retourner dans le temps, j’aurais fait une école d’art ou quelque chose comme ça. Il y a énormément de très bons stylistes qui sont autodidactes. Soit tu es doué, soit non. Tu l’as en toi. Après ok, il y a le coté technique, mais alors  c’est plus une école technique qu’il faut.

Tu faisais des imprimés déjà ?

J’ai découvert les imprimés à travers mon premier stage dans un bureau de tendances et ça m’a passionnée.  Il faut être très perfectionniste pour faire des imprimés. On pense que c’est facile, et en fait non, ça reste quelque chose de très technique!

Tu dessinais beaucoup petite?

Oui mais j’étais toujours plus intéressée par le travail manuel comme les collages. D’autant que quand tu penses au dessin, surtout dans une école de mode, il y a toujours des virtuoses, et je n’allais jamais dessiner comme ça! Je voulais arriver au dessin par d’autres chemins.

Et après ce stage ?

J’ai eu envie de travailler avec un créateur, car le process de créer une collection, avoir mon propre langage me plaisait. J’ai rencontré Alexandre Herchcovitch et ça a duré 5 ans.  Je faisais aussi de l’imprimé là, il a des gammes de couleurs magnifiques. En fait je faisais un peu tout dans le studio.

Et au fait tu penses quoi de Pedro Lourenco?

Je le trouve génial, c’est une nouvelle génération. Mais il a toujours eu une technique incroyable même très jeune, trés precis et trés pointu. Et aujourd’hui il arrive à de plus en plus à avoir son langage. Je l’adore.

Et globalement ton rapport de Brésilienne à la mode ?

Et je trouve qu’au Brésil on a un rapport avec la couleur et les imprimés unique. On a peu de choses derrière nous, on est un peu en train de découvrir ce qu’est le bon goût et le mauvais goût. On n’a peu d’attaches et pas de bonne façon de faire. En France, les jeunes stylistes connaissent ça. C’est top ! Moi j’en serais incapable, ce n’est pas ma culture, alors j’essaie de ne pas copier. J’essaie de proposer presque une mauvaise façon, celle à laquelle les gens n’auraient pas pensé! Il y a beaucoup de marques françaises qui marchent bien, que j’adore et qui jouent sur ça. Kitsuné, Maison Standards, etc… J’adore. Ils savent ce qu’est le bon jean, la bonne veste. Ce n’est pas prétentieux, car c’est facile à justifier, c’est l’héritage de la France. Mais pour nous Brésiliens, Argentins, ou Asiatiques, il faut trouver ce que notre histoire peut apporter, ce que le gens ne connaissent pas.

Et CSS dans tout ça ?!

C’est pendant cette période chez Herchcovitch que j’ai commencé à sortir à São Paulo, j’avais 19-20 ans. J’ai réalisé que les soirées de la mode, je ne trouvais pas ça cool. Du coup j’ai commencé à sortir ailleurs, voir des concerts indépendants. Et tout de suite, j’ai trouvé ces concerts  beaucoup plus fun! Je me suis fait des amis dans la musique, et là j’ai décidé de commencer CSS, pour faire partie d’une autre bande…

Je ne jouais de rien encore, mais j’adorais la basse. A l’époque tous les groupes que j’adorais avaient des bassistes femme – Sonic Youth, smashing pumpkins, Talking Heads…-  je trouvais ça super classe une femme à la basse. Et c’était moins compliqué qu’une guitare! Alors avec une amie également dans la mode, Marie Helena, on a pensé à faire un groupe. On s’est dit qu’on allait inviter les gens avec qui on voulait être amis! CSS a commencé comme ça en 2003!

Rappelle moi CSS, ça veut dire…

CSS c’est Cansei de Ser Sexy. Marre d’être sexy. C’est un nom débile! On a commencé à répéter des reprises, et un ami qui avait un bar nous a proposé de jouer. Là il a fallu trouver un nom! On a dit le premier truc débile qui nous ait passé par la tête,  un quote de Beyoncé qu’on venait de lire. Si on avait su qu’on aurait du succès on aurait trouvé mieux! On a passé 5 ans à expliquer pourquoi ce nom!

Quand avez vous commencé à composer ?

Rapidement on a commencé à écrire des chansons – surtout le batteur qui était le plus musicien du groupe – et faire des concerts. Ca a duré 3 ans à sillonner le pays dans des vans pourris, pour jouer dans de petites salles pour 50 pesos. On faisait ça le week end et le soir. Honnêtement c’était génial, on faisait tout nous même. Moi je faisais les t-shirts, les affiches, on enregistrait dans le studio chez Adriano, etc. Au bout de 2 ans on a enregistré un disque et en 2005, on a eu une proposition d’une maison de disques brésilienne. Puis, une maison américaine nous a découvert sur Internet et nous ont voulu absolument. C’était SUB POP une maison de disque légendaire puisque c’était entre autres celle de Nirvana. Et on est partis en tournée à travers le monde en 2006.

Et toi tu chantais aussi?

Pas vraiment, Parfois les backing vocals, mais surtout je ne compose pas. Ma responsabilité dans le groupe c’était le merchandising! Et je jouais de la basse. C’était une truc d’amis, un truc pour s’éclater finalement. On n’a jamais pensé business. Il y avait un seul garçon et 5 filles à terme. On a passé 2 ans sans arrêt sur les routes. On a fait tous les festivals. On était partout, beaucoup de presse. C’était génial, on a connu des gens, vu des endroits, comme je n’en n’aurais jamais eu l’occasion autrement. On traversait les pays en bus, ce coté road trip c’est hyper cool et hyper beau.

On ne se connaissait pas encore mais je t’ai vue à Rock en Seine, j’ai halluciné quand j’ai découvert ça…

Oui c’était génial. On a fait ça, et Glastonbury, devant genre 300000 personnes. Ca ne finissait jamais, c’était super beau. Pourtant au bout d’un moment c’est devenu plus un job. Quand tu vas en tournée, tous les jours c’est le week end, c’est faire la fête, c’est aussi ça ton job : la scène, les after party, etc…

Et quand as tu pensé à passer à autre chose?

Pour moi CSS c’est top tant que c’était spontané. On avait un coté très frais qui plaisait au public. Et j’ai senti qu’on ne pourrait pas reproduire ça toujours. Début 2008, j’ai décidé de faire ma dernière tournée. J’ai réalisé que la musique ce n’était pas mon don, ni ma vocation. Alors que la mode restait ma passion, et j’ai pensé que je pourrais apporter un regard différent.

A Paris ?

Dans mes tournées, la ville où je me suis sentie le mieux c’était Paris. Je trouvais Paris très calme, à dimension humaine. C’est assez grand pour avoir toujours quelque chose à faire et assez petit pour croiser des amis dans la rue. C’est pas possible à Londres ni New York tout ça.

Et Nicolas a quelque chose à voir dans ta venue sur Paris?

La suite et fin au prochain épisode… !

IMG_1135-Modifier

You may also like